Qu'est-ce que la traite des êtres humains ?

Les articles 279.01 et 279.011 du Code criminel du Canada définissent ainsi la traite des personnes : « Quiconque recrute, transporte, transfère, reçoit, détient, cache ou héberge une personne, ou exerce un contrôle, une direction ou une influence sur les mouvements d’une telle personne, en vue de l’exploiter ou de faciliter son exploitation ».

Les trafiquants contrôlent leurs victimes de différentes manières, par exemple en prenant leurs documents d’identité et leurs passeports, en les agressant sexuellement, en les menaçant, en les intimidant, en les violentant physiquement et en les isolant.

Les victimes souffrent de violence physique ou émotionnelle et elles vivent et travaillent souvent dans des conditions terribles.

Image Sex Trafficking

La traite des personnes à des fins d’exploitation sexuelle

Les victimes de la traite à des fins d’exploitation sexuelle sont souvent trompées ou manipulées par d’autres personnes qui se présentent comme un petit ami(e) (ou « chum »). Ces faux amis finissent par avoir recours à la violence et aux menaces pour contrôler les personnes prises au piège et les obliger à offrir des services sexuels et à leur remettre une grande partie ou tout l’argent associé aux actes sexuels.

Pendant la période de recrutement, les victimes des trafiquants reçoivent des cadeaux, des vêtements coûteux et des drogues que les trafiquants considéreront ensuite comme une dette. La victime devra alors travailler pour rembourser cette dette, c’est ce qu’on appelle la servitude pour dettes.

Le trafic sexuel peut toucher tout le monde – filles et garçons, femmes et hommes – à tout moment et partout.

Image Labour Trafficking

Le travail forcé

Les trafiquants (recruteurs, entrepreneurs, employeurs et autres) utilisent la violence, les menaces, les mensonges, la servitude pour dettes, ou autres formes de contraintes pour forcer des personnes à travailler contre leur gré dans diverses industries (restaurants, hôtels, fermes, mines etc.).

Pour attirer les victimes, les trafiquants leur promettent souvent des emplois bien rémunérés ou des possibilités d’études ou de voyage. Mais lorsqu’elles arrivent, elles sont obligées de travailler de longues heures dans des conditions non sécuritaires pour un salaire minime ou inexistant. Les travailleuses et travailleurs sont souvent forcés de rembourser d’importants frais imposés illégalement par les trafiquants qui leur font croire que ce sont des frais de services d’immigration.

Les trafiquants exercent un contrôle physique et psychologique total sur les victimes, survivantes et survivants : la violence, l’abus, la menace, la servitude pour dettes, la confiscation des documents et de l’argent. Les trafiquants vont mentir aux individus sur les lois canadiennes. Ils peuvent leur dire que s’ils ne tiennent pas compte des conditions de leur permis de travail, ils pourraient perdre leur statut et/ou être déportés. De nombreuses personnes endurent ces abus car elles doivent soutenir leurs familles et leurs enfants dans leurs pays d’origine.

Des hommes, des femmes et des enfants sont victimes de travail forcé au Canada. Parmi ces personnes, plusieurs personnes sont recrutées comme « aides domestiques » dans des maisons privées. Elles doivent effectuer toutes les tâches domestiques de la maison, prendre soin des enfants et des personnes âgées de la famille. Elles doivent souvent être disponibles en tout temps, jour et nuit. Pourtant, elles ne reçoivent qu’un maigre salaire et parfois pas de salaire du tout pour leur travail.

Dans quelques cas, les personnes victimes du travail forcé sont sous-alimentées et montrent des signes de malnutrition. Il arrive souvent qu’elles ne parlent ni français, ni anglais, et qu’elles ne soient plus en possession de leurs documents de voyage ou d’identité. Elles sont mal informées de leurs droits au Canada et ne savent pas comment obtenir de l’aide.

Les signes potentiels que des personnes pourraient être victimes de traite :

  • Être contrôlées par d’autres, conduites et escortées partout et en tout temps.
  • Être contrôlées et surveillées par d’autres, avoir quelqu’un qui parle en leur nom en public.
  • Ne pas avoir de passeport ou autres documents d’identité en leur possession.
  • Ne pas avoir le contrôle de leur propre argent ou cellulaire, ou avoir plusieurs cellulaires en leur possession.
  • S’être fait confisquer leur passeport et autres documents d’identité.
  • Ne pas connaître le quartier dans lequel elles habitent ou travaillent.
  • Être déplacées fréquemment; devoir prétendre être « nouvellement arrivées » ou « en visite ».
  • Ne pas être autorisées à communiquer avec leur famille ou leurs amies et amis.
  • Devoir mentir à propos de leur âge ou avoir de faux documents d’identité.
  • Donner des réponses préparées d’avance à des questions informelles.
  • Être en possession d’une somme importante en espèces, au-delà de leurs ressources financières, et avoir des clés d’hôtel.

Signes comportementaux:

  • Agir dans la crainte et l’anxiété, de manière soumise ou nerveuse et avoir une peur excessive de déplaire au partenaire ou à leur employeur.
  • Avoir peur des services d’immigration et de la police.
  • Éviter le contact visuel, laisser parler une autre personne en son nom.
  • Avoir des signes visibles de dépendance aux drogues ou à l’alcool.
  • Avoir des expressions faciales ou un langage corporel pouvant être associés à la peur ou à l’intimidation.
  • Utiliser des termes d’argot populaires dans la sous-culture de l’industrie du sexe (« sugar daddy », « pimp », maquereau, mottés, etc.).

Apparence physique:

  • Porter des vêtements inappropriés pour leur âge.
  • Porter des vêtements inappropriés pour la saison de l’année ou le contexte.
  • Être tout à coup en possession de choses coûteuses : vêtements, sacs à main, chaussures, services de manucure, etc.
  • Avoir le nom ou le symbole d’un trafiquant tatoué sur son corps.
  • Avoir des bleus ou autres signes physiques de violence, y compris montrer des signes de malnutrition.
  • Ne pas avoir accès à des services médicaux de base et se voir refuser ces services par leur employeur.
  • Montrer des signes physiques de détention, de confinement ou de torture.

Les victimes pourraient:

  • Ne pas se rendre compte qu’elles sont victimes parce qu’elles ont un lien avec leur trafiquant – petit ami, membre de la famille, ami ou amie.
  • Sembler ne pas avoir besoin d’aide parce qu’elles ont un domicile, de la nourriture, de beaux vêtements, des soins médicaux et même un « emploi rémunéré ».
  • Ne pas connaître leurs droits ou avoir été intentionnellement mal informées de leurs droits et des personnes ou services qui pourraient les aider.
  • Avoir appris à ne pas faire confiance et à se méfier du gouvernement et de la police par peur de se faire arrêter ou déporter (si elles sont originaires d’un autre pays).
  • Ressentir de la solitude et de l’isolement, être sans défense et n’avoir nulle part où aller.
  • Avoir peur pour leur sécurité ou celle de leurs proches car des trafiquants menacent aussi de s’en prendre à leurs amies et amis ou aux membres de leur famille si elles dénoncent leur situation ou collaborent avec les services de police.
  • Se sentir obligées de « rembourser » une dette – pour des cadeaux, des drogues, de l’hébergement, des frais de recrutement, etc.
  • Souffrir d’un traumatisme et en démontrer des effets psychologiques. Lorsque la traite des personnes est liée à l’exploitation sexuelle, les victimes peuvent être exposées à une incidence plus élevée du VIH et aux infections transmissibles sexuellement.

Si vous pensez être victime de la traite de personnes,
IL EXISTE DE L’AIDE !

Pour joindre la police ou les services d’urgence
appelez le 911
Pour communiquer avec les Services aux victimes de Thunder Bay et sa régions
appelez le 807-684-1051

Comprendre comment et pourquoi la traite des personnes existe.

Les personnes victimes ou survivantes de traite ne font pas appel à la police ou à d’autres organismes pour leur venir en aide pour une foule de raisons, comme par exemple:

  • Elles ne comprennent pas qu’elles sont victimes de traite de personnes.
  • Elles ont peur ou ont honte de leurs expériences.
  • Elles ne connaissent pas leurs droits et n’ont pas accès à l’information.
  • Elles ne peuvent demander de l’aide parce qu’elles ne parlent ni français ni anglais.
  • Elles ont peur des services qui appliquent la loi et ne font pas confiance aux organismes qui fournissent du soutien et de l’aide.
  • Elles craignent que les trafiquants mettent à exécution leurs menaces envers elles, leurs familles ou leurs proches.
  • Elles ont peur d’être déportées en raison du statut précaire des ressortissants étrangers.

Le commerce des personnes est souvent défini comme « une activité à bas risque et à récompense élevée » car le crime est difficile à détecter et qu’enquêter est complexe. Cela signifie que le taux mondial de poursuites judiciaires est peu élevé. Contrairement à la vente de drogues ou d’armes, les trafiquants peuvent vendre et revendre les êtres humains sans trop de risques, faisant ainsi des gains financiers et matériels extrêmement élevés.

Les systèmes de justice modernes se basent encore largement sur les déclarations des témoins pour prouver qu’il y a traite de personnes. Compte tenu du traumatisme que peut causer la traite, de nombreuses victimes peuvent avoir des trous de mémoire ou être trop bouleversées ou effrayées pour témoigner devant le tribunal.

Les Nations Unies ont estimé que cette activité illégale génère approximativement 32 milliards de dollars (USD) chaque année. Un Indice récent de Global Modern Slavery estime le nombre de victimes de la traite des personnes ou d’esclavage moderne dans le monde à 40 millions de personnes par année (2017).

The United Nations has estimated that this illegal activity generates approximately $32 billion (US) annually for its perpetrators. Recent Global Modern Slavery Index estimates put the number of modern slavery/human trafficking victims at 40 million worldwide (2017).

LES PERSONNES QUI SONT VICTIMES DU TRAVAIL FORCÉ POURRAIENT NE PAS VOULOIR DÉNONCER POUR NE PAS METTRE À RISQUE LEURS COMPATRIOTES QUI FONT LE MÊME TRAVAIL.

Conseils aux amies et amis et aux familles

Signs that your child could be traffickedSignes que votre enfant pourrait être victime de la traite de personnes:

  • Un ancien petit ami qui la ou le contrôlait revient dans sa vie.
  • Elle ou il se rend dans des lieux inhabituels pour son groupe d’âge, comme des hôtels, motels, clubs, et autres.
  • Elle ou il s’habille de manière provocante, rentre tard ou sort toute la nuit.
  • Elle ou il fréquente de nouveaux amis ou amis plus âgés.
  • Elle ou il ignore ses amies et amis d’enfance et les membres de la famille.
  • Elle ou il consomme de l’alcool ou se drogue.
  • Elle ou il manque l’école, saute des repas, ne se lave as et ne change plus de vêtements régulièrement.
  • Elle ou il semble vivre de l’anxiété, manque de sommeil et semble dépressif.
  • Exhibiting anxious behaviour, lack of sleep, depression
  • Elle ou il ne respecte pas les règlements et les directives, à l’école ou à la maison.
  • Elle ou il ment ou est incapable de se souvenir de certains évènements de sa vie.
  • Elle ou il détient une fausse pièce d’identité ainsi qu’un ou plusieurs cellulaires.
  • Elle ou il s’affiche avec de nouveaux vêtements coûteux, des chaussures ou des bijoux d’origine inconnue.
  • Elle ou il dépense plus d’argent et reçoit des cadeaux coûteux de ses nouveaux amis et amies ou de son petit-ami.
  • Elle ou il parle de faire comme mannequin ou de trouver un emploi dans une autre ville ou la métropole.
  • Elle ou il passe du temps en ligne ou au téléphone cellulaire en secret.
  • Quand elle ou il est en ligne ou au téléphone cellulaire, elle ou il semble avoir peur.

La meilleure façon de faire preuve de vigilance et de protéger votre famille et vos amies et amis est de connaître les signes et les indicateurs de traite et de parler franchement à vos enfants des risques possibles de ce fléau. Avoir des discussions ouvertes et honnêtes à ce sujet est important. Si vos enfants se trouvent dans une relation potentiellement dangereuse avec quelqu’un, assurez-vous qu’elles et ils aient le soutien d’un adulte vers qui se tourner pour dénoncer la situation.

Si vous avez des difficultés à aborder le sujet, référez-vous aux ressources qui se trouvent sur cette page. Elles proposent des conseils pour discuter de ces sujets avec vos enfants et vos jeunes.

Les trafiquants utilisent des messages en ligne sur des babillards virtuels, des sites de médias sociaux, des messageries d’applications privées, des centres commerciaux et autres lieux publics pour recruter de potentielles victimes. Ils entrent souvent en contact avec les enfants en ligne pour commencer à les appâter et à les séduire. Ils cherchent le côté vulnérable ou les lacunes dans la vie d'une ou d’un jeune et ils essayent de les combler.

Si les jeunes ont une mauvaise estime d’eux- mêmes, les trafiquants leur feront des compliments et du charme. Si les jeunes se sentent seul.es ou mal aimé.es, les trafiquants se présenteront comme un petit ami passionné et leur feront de fausses promesses.

Les trafiquants et autres prédateurs utilisent Facebook, Twitter, Ask.fm, Whisper, Snapchat, Instagram, TikTok et ont un accès direct aux enfants et aux jeunes à travers ces médias sociaux.

Il est important pour les parents d’être capables de reconnaître les signes avant- coureurs et de parler des tactiques que ces criminels utilisent pour leurrer leurs enfants.

Il existe des cas de recrutement entre pairs dans les écoles secondaires. Il est important d’avoir des discussions franches sur ce problème tant avec les jeunes garçons qu’avec les jeunes filles. Les trafiquants utilisent quelquefois des filles plus âgées pour recruter d'autres filles. Elles se lieront d’amitié avec elles et, par la suite les jeunes passeront sous le contrôle d’un proxénète.

SOUVENEZ-VOUS QU’IL EXISTE DU SOUTIEN ICI POUR AIDER LES MEMBRES DES FAMILLES ET LES AMIES ET AMIS DES VICTIMES, SURVIVANTES ET SURVIVANTS À N’IMPORTE QUELLE ÉTAPE DU PROCESSUS CRIMINEL DE LA TRAITE DES PERSONNES.